Mission 2024

MISSION 2024 DU 24 AVRIL AU 02 MAI

Départ de Nantes pour un vol vers Marrakech via Casablanca par Yves, Thibaut, Bernadette. Il est 18 h 55, nous arriverons à destination, normalement,  à 23 h 40. Sortis de l’aéroport, notre chauffeur et son véhicule ne sont pas là pour le transfert à l’hôtel. De téléphone en téléphone, il arrive enfin en nous souhaitant la Bienvenue et nous prenons possession de notre chambre vers 2 h du matin.

Le lendemain matin, juste le temps de prendre un petit déjeuner, d’aller voir Icham et prendre un jus de fruit à Jemma ef Na. Le loueur de notre véhicule est venu nous chercher sur la place. Merci à Magdaz Car pour sa ponctualité, sa gentillesse, son accueil. Nous vous le recommandons lors de votre voyage au Maroc, comme le guide du Routard. Après les formalités de location, nous partons au magasin acheter des fournitures scolaires pour les enfants d’un village, près d’Amizmiz.  Puis direction, l’Ourika à la rencontre de nos amis pour la nuit.

Vendredi, nous allons à la rencontre des habitants du village. Leur village fait partie de l’épicentre du séisme……

Sur la route, plus on s’approche, plus les marques se font présentes, les tentes de couleur bleue, verte, beige, il y en a partout quand ce n’est pas du plastique …..

Nous avons rendez-vous avec Nora et son mari pour l’achat de denrées alimentaires et d’hygiène.  Une partie de cette ville, à 30 km de l’épicentre est rasée. Intensité 7 sur l’échelle de Richter. De nombreux morts dans la région.

Nora a fait sa liste pour les familles du village. Ils vous remercient beaucoup de l’aide que vous leur apportez à un moment où ils se sentent un peu oubliés. Ils ne souhaitent pas d’argent, seulement des produits de première nécessité pour tous les habitants du village afin de ne pas sombrer et rester debout. L’élan de solidarité leur donne l’envie d’avancer et de se projeter.

Le commerçant s’appliquera à préparer la commande, pour un montant d’environ 700 euros, la livrer au village 1 heure après.  Un aperçu de la commande :

  • 15 litres d’huile                                – 1 kg ail
  • 50 kg farine complète                     – 50 kg farine blanche
  • 50 kg farine spéciale                      – 15 kg farine jaune
  • 1 kg de chaque épice : paprika, curcuma, cumin, gingembre, poivre
  • 3 kg de thé                                       – 2 kg de dattes
  • 7.5 kg de beurre                              -12 pots de miel
  • 10 pts x 6 litres lait                          – 1 kg café
  • 3 kg semoule à soupe                    – 2 kg de semoule
  • 6 plaques œufs                               – 6 bouteilles vinaigre
  • 1 carton levure boulanger             – 2 cartons de levure chimique
  • 1 kg raisins secs                             – 1 kg cacahuètes
  • 1 kg de sel                                       – 3 kg d’amandes
  • 6 cartons fromage                           – 2 paquets de sacs poubelles     
  • 12 boites de lessive vaisselle       – 1 carton de javel
  • 12 tubes de dentifrice
  • 24 boites de lessive linge              – 10 paquets de papier toilette
  • 12 paquets serviettes hygién.       – 6 paquets de couches pour bébé

Après les courses, Nora et son mari nous conduisent à ce qui était leur village. On découvre les dégâts du séisme, tout au long des 3 kms de piste, plus de maisons habitables, les travaux d’évacuation des gravats ont commencé. L’arrivée est choquante pour nous, leur petit village en ruines nous consterne et on imagine bien la détresse et la souffrance de ses habitants.

Réveillés en plein sommeil, la terrasse retenue sur le bois du lit …. pour les plus chanceux sortir par des trous, se retrouver dehors, plus d’électricité, ni téléphone, en pyjama et pieds nus dans le noir absolu, la poussière, sans comprendre. C’est la première fois qu’un séisme frappe cette région.

Ils ont été bloqués 4 jours avant que la piste ne soit réouverte. Nous sommes invités à entrer dans la tente Caïdale qui leur a été donné par un ami de la famille à 800 kms, pour se mettre à l’abri.

Un tout petit container a été posé dans la tente caïdale pour mettre à l’abri des intempéries les denrées alimentaires et d’hygiène

Nora nous sert le thé et tous les deux nous expliquent la nuit d’horreur et la suite des répliques (elles sont toujours là, moins violentes mais bien présentes) pendant que les autres femmes préparent le couscous qu’ils prendront en commun.

La solidarité s’est organisée, toutes les familles partagent tout : la fabrication et les repas se font dans la tente avec tous les habitants.

Pour vivre décemment, les amis de Nourdine (il est guide de montagne) ont mis une cagnotte en ligne pour leur permettre de se mettre à l’abri au mieux et permettre à chacun de se reposer après cette nuit d’épouvante. La cagnotte a permis d’avoir des petits containers en kits à monter, toilettes et douches pour la communauté de ce petit village

10 petits containers (arrivés en kit) de 10 m2 chacun (un par famille) pour dormir. Les hommes du village les ont montés eux-mêmes pour s’abriter. Ils ont posé toilettes et douches, dehors, rapidement, pour ne pas sombrer dans l’insalubrité, ainsi que les machines à laver. Les enfants jouent dans les ruines des maisons. Ils y retrouvent parfois des objets qu’ils conservent précieusement.

On ne peut pas vous partager en détail ce que l’on a entendu tellement c’est abominable, dur à imaginer. Nous sommes émus, nous écoutons les récits des personnes qui sont toujours traumatisées par cette nuit d’horreur. Entre les cris des habitants d’un village à l’autre qui résonnent dans la montagne et qui demandent de l’aide, le bruit de la terre qui craque, tremble, les maisons qui tombent, le tout sans lumière, ni téléphone, dans le noir absolu. S’extraire des ruines sans comprendre, passer les enfants par la fenêtre de l’étage pour les envoyer dans les bras d’une personne qui est en bas, le berger qui gratte avec ses mains en sang dans les décombres pour sortir des malheureux prisonniers des pierres, une femme enceinte de 7 mois, des enfants, des personnes âgées ……

Nous sommes sans voix,  nous vivons pleinement  cet instant. Les répliques régulières empêchent les gens de dormir, la peur qui s’installe, les enfants traumatisés…A la reprise de l’école, Nora avait environ 3 enfants par classe absents, morts sous leur maison. Il n’y a pas de psy pour ces personnes, elles doivent se débrouiller seules.

Un  bruit de moteur nous sort de l’horreur, c’est le commerçant qui arrive avec toutes les courses que vous leur avez permis d’avoir. Le chargement est tellement lourd qu’il laisse des marchandises au pied du chemin, les hommes vont pousser le triporteur pour qu’il monte jusqu’à la tente caïdale.

Du plus petit des enfants à l’adulte, tout le monde décharge la précieuse marchandise, puis le livreur retourne chercher ce qu’il a déchargé en bas et revient, même enthousiasme. Vous leur avez donné le sourire pour oublier un peu le cauchemar.  Nous leur laissons les fournitures scolaires, des vêtements très chauds et quelques douceurs (chocolats de Sandra très appréciés par Nourdine mais que Nora s’emploie à partager en tout petits morceaux pour que chaque personne goûte ces chocolats précieux et le miel de Jean Pierre). Pour nous remercier, ils partagent le couscous du vendredi avec nous. Les achats effectués grâce à vous, leur permettront de tenir 1 mois à 1 mois ½ sans gaspiller, les enfants se rassemblent autour du couscous avant de partir pour l’école. Eux aussi, doivent s’adapter, pas question de dire je n’aime pas, c’est le repas de tous, il n’y a pas de dérogation.

C’est l’heure de partir, Nora reprend le travail, elle est professeure au collège et elle descend les enfants du village qui ont cours l’après-midi. On leur promet de ne pas les oublier et de revenir, de rester en contact et de les aider. Nous sommes heureux d’avoir pu les rencontrer, de belles personnes qui prennent soin des autres, ils restent très humbles, ils espèrent nous recevoir dans leur nouvelle maison l’an prochain mais ils ne sont pas sûrs devant l’ampleur du séisme et du drame de nombreuses familles. Merci à Anne A. qui nous a donné leurs coordonnées. A plusieurs, nous serons plus forts

Sur la route du retour vers Ourika, pas un échange dans la voiture, pendant quelques kilomètres, nous sommes tellement touchés par ces personnes qui ont tout perdu en quelques minutes, on a du mal à imaginer … et si cela nous arrivait…………. Partout c’est la désolation, des tentes en plastique, en toile  de couleur…. Elles sont partout par centaines, la vie s’organise malgré le froid, la chaleur…. Le Royaume a recensé tout les sinistrés mais il va falloir attendre encore pour reconstruire tellement la zone est vaste.

Arrivée à Tnine Ourika,  chez notre ami (dont la maison a également subi des dégâts) en partageant un couscous, nous lui parlons de notre journée.

Il connait bien et c’est pourquoi il nous a demandé d’aller dans cette région, lui a eu beaucoup de chance. Sa maison ne s’est pas écroulée, sa famille est vivante. Cette nuit d’horreur, il a eu l’impression d’être dans un tambour de machine à laver, secoué dans tous les sens, ses enfants et sa femme dans ses bras, ils attendaient la mort sans comprendre.

Enfin, une accalmie et il demande à tous de descendre les escaliers dans le noir complet, sans savoir si les escaliers étaient encore là et de rejoindre la rue pour plus de sécurité.

A la réplique suivante, ils se sont couchés sur la rue, impossible de rester debout, dans les bruits de craquements de leur maison. Au petit matin, il met sa femme et ses enfants à l’abri dans sa famille, dans le village plus loin qui n’a pas été touché et revient pour constater les dégâts. Il mettra quelques mois pour la reprendre et la  consolider. Sa femme n’est toujours pas revenue l’habiter. Elle a encore très peur.

 Lui nous dit, nous sommes vivants, la maison et sa voiture, c’est dommage mais c’est matériel et il pense surtout à ceux qui ont été très touchés. Sa région est touristique, elle va revivre par contre les villages dans les montagnes ont tout perdu.  Belle leçon de vie qu’il nous donne lui aussi.

L’an prochain, il nous accompagnera au Village

Samedi, nous quittons l’Ourika pour nous rendre à l’école de Sidi Bouzid Aaragragui à 11 km au sud de Chichaoua. Nous décidons de passer par la montagne au lieu de l’autoroute. Plus long, mais cela nous permettra de nous rendre compte des dégâts du séisme quand on s’éloigne de l’épicentre.

Mohamed et les membres de son association nous accueillent à l’école. Merci Mohamed pour ton accueil chaleureux comme les années précédentes. Dernier après midi avant les vacances. Les enseignants, le directeur, les autorités et les membres de l’association ont prévu une fête pour les enfants.

Mot du président Mohamed, lecture du Coran par un jeune et Hymne du Maroc, puis viennent les festivités pour les enfants. Mickey, Minnie et Alvin font leur entrée et le spectacle, les enfants sont fous de joie.

Puis, la récompense des 3 meilleurs élèves par classe,   la distribution pour 40 élèves des trousses que Christelle leur a fabriquées. Attribution de brosses à dents et dentifrice pour une classe, savons et produits d’hygiène pour les autres. Chaque enfant de chaque classe recevra quelque chose…Enfin la fête se termine par une distribution de jus de fruits et de bonbons, et la visite des nouveaux locaux pour nous.

Nous sommes conduits par les membres de l’association dans divers lieux où l’on nous servira le thé, puis des tajines, du thé, des boissons fraîches pour finir par un couscous à 23 h passé avant de nous diriger vers notre lieu de repos.( chaque personne veut nous accueillir)

Dimanche matin, nous partons pour le petit déjeuner dans une autre famille. Nous les quittons à 9 heures en laissant à Mohamed et les membres de son association une somme d’argent pour les familles dans le besoin. 48 familles selon Mohamed ont été touchées par le séisme dans le village.

 Nous avons de la route avant de rejoindre une autre région.

Après un détour vers le souk d’ Had Drâa, nous rejoignons le camping des oliviers à Ounagha pour nous installer et effectuer une petite sortie sur Essaouira, voir le soleil couchant depuis les remparts.

Lundi matin, nous nous préparons pour une visite d’Essaouira et nous en profitons pour y faire des petits achats.

Mardi : route vers Safi et Rabat où nous retrouvons nos amis. L’occasion de passer le 1 er mai avec eux et de faire les derniers achats.

Jeudi matin, il est déjà l’heure de repartir, il nous faut arriver à 11 heures à l’aéroport de Casa pour rendre notre carrosse et reprendre l’avion pour Nantes.

Arrivée dans la famille.

Mission particulière cette année mais riche en leçons de vie, partage, amitié et plus.

MERCI à tous ceux qui nous soutiennent et qui ont participé de près ou de loin à la cagnotte en faveur des familles qui ont tout perdu dans le séisme. Vos dons vont permettre aux habitants du village près d’Amizmiz de tenir 1 mois ½ avec les réserves que vous nous avez permis d’acheter. Une autre partie leur sera envoyée dans quelques mois, le reste a été donné à l’association de Mohamed pour les sinistrés du village de Sidi Bouzid Aaragragui et leurs enfants scolarisés.

REMERCIEMENTS

Merci à notre ami de nous avoir orienté vers les villages de l’épicentre

Merci à Anne de l’association Amizmiz Haut Atlas de nous avoir mis en relation, 3 jours avant notre départ, avec Nora et Nourdine, cette famille exceptionnelle.

Merci à Mohamed et les membres de son association, les autorités locales ainsi que le directeur, les enseignants de l’école de son village : Sidi Bouzid Aaragagui pour leur accueil.

Merci à tous nos amis qui nous ont hébergés

Merci à tous les bénévoles, adhérents, donateurs et autres pour leur soutien depuis 19 ans à l’association.

Une pensée à ceux et celles qui nous ont quitté : Mustapha et ses parents, Grand Gégé, Françoise dont on vient d’apprendre le décès, Sidi Mohamed Morssi et bien d’autres……

MERCI A TOUS POUR TOUT CE QUE VOUS NOUS PERMETTEZ DE REALISER

On se dit à très bientôt

Une fête se prépare pour l’an prochain à l’occasion des  20 ans de l’association

MERCI – CHOUKRANE A TOUTES ET A TOUS